Les Figures de style

 Voici les figures de styles à connaître en fin de 3e :

 

Figures d’amplification

 

La gradation : énumération de mots ou groupes de mots qui croissent ou décroissent en termes d'intensité.

 

Exemples :

«  Va, cours, vole, et nous venge. » (Corneille, Le Cid, acte I, scène 5)

« Je me meurs ; je suis mort ; je suis enterré. » (Molière, L’Avare, acte IV, scène 7)

« Marchez, courez, volez où l’honneur vous appelle. » (Nicolas Boileau, Le Lutrin, III)

« Ah ! Oh ! Je suis blessé, je suis troué, je suis perforé, je suis administré, je suis enterré. » (Alfred Jarry, Ubu roi)

 

L'hyperbole : exagération.

 

Exemples :

Dire "un colosse" pour désigner un homme de très grande taille.

Dire "c’est à pleurer de rire" pour dire que quelque chose est vraiment très drôle.

 

 

Figures d’analogie

 

L'allégorie : représente une idée abstraite par du concret.

Exemple qui présente la mort comme une faucheuse :

Je vis cette faucheuse.

Elle était dans son champ.

Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,

Noir squelette laissant passer le crépuscule. […]

Victor Hugo (1802-1885), Les Contemplations (1856), Livre IV, « Mors »

 

La comparaison : rapport de ressemblance entre deux termes d'un énoncé grâce à un outil de comparaison (comme, tel, semblable à, pareil à, ainsi que, de même que...). Le terme comparé à un autre se nomme "le comparé". L'autre terme est "le comparant".

 

Exemples :

Ma voisine ressemble à une fée.

"voisine" = comparé, "ressemble à" = outil de comparaison, "une fée" = comparant.

Tu es curieux comme une pie.

Ma maison est comme la tienne : grande et belle.

Tes chaussures sont pareilles à celles de ma soeur.

 

 

La métaphore : il s’agit d’une comparaison sous-entendue. Elle n'utilise pas de terme comparatif.

 

Exemples :

« Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage » (Baudelaire, « L’Ennemi »)

« Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées » (Baudelaire, LXXVI – Spleen)

 

La métaphore filée : une métaphore reprise sur plusieurs lignes.

 

Exemple :

« L'empereur était là, debout, qui regardait. Il était comme un arbre en proie à la cognée. Sur ce géant, grandeur jusqu'alors épargnée, Le malheur, bûcheron sinistre, était monté; Et lui, chêne vivant, par la hache insulté, tressaillant sous le spectre aux lugubres revanches, Il regardait tomber autour de lui ses branches

Victor Hugo, L'Expiation

 

 

La personnification : consiste à évoquer une chose ou une idée comme s'il s'agissait d'un être vivant.

 

Exemple :

Et à partir de cet instant, je n’avais plus un seul pas à faire, le sol marchait pour moi dans ce jardin où depuis si longtemps mes actes avaient cessé d’être accompagnés d’attention volontaire : l’Habitude venait de me prendre dans ses bras et me portait jusqu’à mon lit comme un petit enfant.

Du côté de chez Swann, Marcel Proust

 

 

Figures d’atténuation

 

L’euphémisme : atténue l'expression de faits ou d'idées considérés comme désagréable dans le but de rendre la réalité moins dure. C’est le contraire de l’hyperbole.

 

Exemples :

« Elle nous a quittés » au lieu de dire « Elle est morte. »

« On l’a remercié hier » pour dire « On l’a renvoyé hier. »

« Une longue maladie » au lieu de, par exemple, « un cancer ».

 

La litote : consiste à dire moins pour suggérer davantage.

 

Exemples :

« Va, je ne te hais point. » (= « Je t’aime. ») Le Cid, acte III, scène 4, Corneille

Elle n’est pas mauvaise, cette tarte ! (= Elle est bonne / très bonne.)

  

Figures d’insistance

 

L’anaphore : répétition d’un même mot ou expression au début d’un vers ou d’une phrase.

 

Exemple :

Un homme est mort qui n’avait pour défense

Que ses bras ouverts à la vie

Un homme est mort qui n’avait d’autre route

Que celle où l’on hait les fusils

Un homme est mort qui continue la lutte

Contre la mort contre l’oubli.

Paul Éluard, Au rendez-vous allemand (1944), « Gabriel Péri »

 

L’énumération : liste de termes.

 

Exemple :

Un gros meuble à tiroirs encombrés de bilans, de vers, de billets doux, de procès, de romances.

 

Figures d’opposition

 

L’antiphrase : dit le contraire de ce que l'on pense. L’ironie repose souvent sur l’antiphrase.

 

Exemples :

« Quel temps magnifique ! » (pour dire « Cette pluie m’agace. »)

 

Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface.

Candide, Voltaire, chapitre 3

 

L’antithèse : rapproche deux termes qui s'opposent.

 

Exemple :

Elle déplie la lettre résolument et lit.

« Madame, sous vos pieds, dans l’ombre, un homme est là

Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile ;

Qui souffre, ver de terre amoureux d’une étoile ;

Qui pour vous donnera son âme, s’il le faut ;

Et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut. »

Elle pose la lettre sur la table.

Ruy Blas (1838), II, 2, Victor Hugo

 

L’oxymore : réunit deux termes contradictoires.

 

Exemples :

 

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

« El Desdichado », Nerval,

 

Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles ;
L’onde s’enfle dessous, et d’un commun effort
Les Maures et la mer montent jusques au port.

Le Cid (1682), acte IV, scène 3, Corneille

 

 

Figure de substitution

 

La métonymie : remplace un objet ou une idée par un autre terme. On parle de métonymie quand le même mot désigne :

 

le tout et la partie : une bonne plume pour un bon écrivain ;

l’objet et sa matière : un verre pour un récipient en verre ;

le contenu et le contenant : boire un verre pour dire boire le contenu d’un verre ;

le lieu et l’activité : un théâtre, une cuisine ;

l’activité et l’instrument, l’objet : faire du piano, jouer aux cartes ;

la cause et l’effet : boire la mort pour boire le poison ;

l’écrivain et son œuvre : lire un Flaubert ;

 

En fin de 3e, les élèves doivent maîtriser ces figures de style.