Cette Semaine Sainte 2020 (du 5 au 11 avril) sera bien plus particulière que les précédentes ! La crise sanitaire et le confinement lui donneront un tout autre aspect. Si vous aviez l'habitude de participer aux célébrations de la Semaine Sainte dans votre église ou à la cathédrale, il vous faudra vous orienter vers la télévision ou internet cette année. Nous serons en communion spirituelle avec les fidèles, sans les avoir près de nous. Une nouvelle expérience !
Ce confinement me fait penser à une personne de mon village qui a passé soixante ans de sa vie enfermée dans son tout petit appartement qui comptait une cuisine, deux chambres, une salle de bains et un couloir. Elle s'appelait Anita. Je pense beaucoup à elle depuis le 17 mars dernier. Elle était très malade, avait subi de nombreuses opérations chirurgicales aux intestins, mangeait peu et priait beaucoup. Elle recevait quelques visites, notamment celle du curé le dimanche pour lui apporter la communion et prier avec elle. Anita écoutait les émissions religieuses quotidiennes à la radio, elle priait en communion avec le couvent des bénédictines de Belloc puisqu'elle était oblate. Elle suivait la messe à la télévision tous les dimanches. Sa vie fut une offrande, un sacrifice et aujourd'hui un exemple pour celles et ceux qui restent chez eux sans sortir par peur, par obéissance ou à cause de la maladie. Elle était humble et s'intéressait vraiment aux personnes qui venaient la rencontrer. Elle ne faisait pas que parler d'elle et de ses problèmes. Passer une heure en sa présence faisait un bien fou ! Combien je la regrette ! Durant ses dernières années, sa vue déclina fortement. Elle mourut au début des années 2000.
60 ans de confinement ! 60 Semaines Saintes à la maison ! Je suis persuadé qu'elle est au Ciel, heureuse au Paradis.
Les quelques pages qui suivent n'ont pas la prétention de tout vous dire sur la Semaine Sainte, loin de là, elles ont été créées il y a quelques années pour permettre aux élèves, à leurs parents ou à des visiteurs de réfléchir quelques instants au parcours de Jésus durant ses dernières heures de vie terrestre, s'ils le souhaitent.
Ce parcours ressemble un petit peu à notre parcours.
Le dimanche, Jésus est acclamé par la foule à Jérusalem. Il est reçu avec tous les fastes possibles. Mais cela ne peut pas lui faire tourner la tête, il est Jésus, dépourvu d'orgueil. Il sait très bien ce qui va lui arriver quelques jours plus tard.
Il nous arrive parfois d'être au centre de quelque chose et de penser que nous sommes très importants aux yeux des autres. Le Dimanche des Rameaux peut nous aider à rester humbles en toutes circonstances. Pas d'orgueil dans nos vies ! Je m'excusais un jour auprès d'une personne parce que je n'avais pas été présent à une réunion pensant que ma présence au collège était plus utile. Cette personne m'a répondu que le cimetière était rempli de gens qui se croyaient indispensables... A méditer. Bien des personnes décédées nous manquent encore aujourd'hui. Mais qu'est-ce qui nous manque chez elle ? L'amour, la présence. Pas l'orgueil !
Le Mardi Saint (dans notre diocèse, sauf cette année, ce sera retardé), l'évêque réunit tous les prêtres, les diacres, les fidèles pour bénir les saintes huiles. Ainsi sur les « frères que cette onction va imprégner », vont être répandus largement les dons du Saint-Esprit lors des baptêmes, au moment de la confirmation, pour l’ordination de l’évêque et l’ordination du prêtre, ainsi que pour la dédicace des églises et des autels, la bénédiction des cloches.
Le Mardi Saint peut nous rappeler l'importance du sacré. Il y a des choses que l'on ne peut pas faire et des choses que l'on ne peut pas dire. La crainte de Dieu, c'est l'amour respectueux que nous devons avoir en Dieu, et le reste, ce qui est bien, découlera de cet amour.
Le Jeudi Saint, Jésus partage tout son être à ses amis (les disciples). Il se donne tout entier. Il leur donne son corps (le pain : l'hostie) et son sang (le vin mêlé d'un peu d'eau). Nous sommes les amis de Jésus et chaque jour, à la messe, il se donne à nous. Jésus lave les pieds de ses disciples, lui qui est leur maître... Il les sert. Ne dit-on pas que "diriger, c'est servir" ?
Le Jeudi Saint peut nous rappeler que nous devons être au service des autres et que nous devons accepter avec grand bonheur le corps et le sang du Christ que nous pouvons recevoir à la communion. Il nous nourrit. Se laver, se nourir... nous comprenons plus que jamais en cette période de crise sanitaire combien se laver et se nourrir sont importants. On le savait bien pourtant, mais ces deux notions ne sont plus tout à fait appréhendées de la même manière.
Le Vendredi Saint, Jésus souffre énormément lors de son procès et surtout lors du chemin qui le mène à la croix et en mourant sur cette croix. Il a été frappé, insulté, moqué. Il a pris en lui toutes nos fautes, tous nos manques d'amour. Sa mère était au pied de la croix, elle a souffert comme une mère peut souffrir de voir son fils, innocent, ainsi traité et mourir.
Le Vendredi Saint peut nous rappeler que le jugement et la souffrance font partie de notre quotidien. Il faut apprendre à les accepter, sans passer notre temps à vouloir les refouler. Les accepter et les offrir au Christ. Un vieux prêtre m'a dit un jour que durant sa vie, il avait plus souffert que le Christ sur la croix. Le problème, c'est que nous faisons tous les jours souffrir le Christ par notre manque d'amour... Ce prêtre, qui était loin d'être idiot, avait sans doute fait de l'humour. Beaucoup de personnes disent pourtant ce genre de choses. Le Vendredi Saint nous met aussi face à la mort. Mais uniquement en vue de la résurrection. Pour ceux qui croient, la mort est un passage. Mais tant de personnes et de choses nous retiennent sur cette terre ! En cette période où tant de personnes meurent, il est bien difficile de parler de la mort.
Le Samedi Saint, c'est le silence. Rien. Il ne se passe rien. Jésus est mort, il repose dans son tombeau, c'est le shabbat chez les Juifs, jour de repos obligatoire. Rien ! Le silence...
Il semble que certains découvrent le silence en cette période de confinement. Parfois ce silence peut angoisser. Pas de bruit dans la rue, pas de bruit dans le quartier... C'est fou ! Comme il est écrit dans le panneau d'affichage de la cour intérieure du collège : "Le bruit ne fait pas de bien, le bien ne fait pas de bruit." C'est dans le silence que Dieu nous parle le mieux. C'est dans le silence que nous pouvons le mieux l'écouter. C'est dans le silence que la vérité finit par éclater. Ceux qui sont sourds sont toujours dans le silence.
Le Dimanche de Pâques, c'est le sommet de la joie ! Le tombeau est vide ! Jésus n'y est plus ! Mais où est-il alors ? Il est ressuscité ! comme il l'avait annoncé. C'est là que certains se disent que ce sont des histoires à dormir debout... Chacun a le droit de penser ce qu'il veut. Ceux qui croient sont très heureux de savoir que Jésus est vivant. Et comme il l'a dit, il est avec nous tout le temps. Il suffit de lui parler et il nous entend. Il suffit d'aimer et il est heureux. Il suffit de pardonner et il est heureux.
Pâques, c'est aussi la nouvelle personne que nous pouvons être après une prise de conscience. Si j'ai envie de changer, d'être meilleur, je peux y arriver. Même si la route est longue, semée d'embûches, je peux y arriver. Certains y arrivent très bien, ils sont des exemples pour nous.
Que cette Semaine Sainte, très particulière cette année, soit la plus belle Semaine Sainte depuis votre naissance ! Que devant votre télévision ou devant votre ordinateur vous puissiez suivre les célébrations proposées soit au Vatican, soit à la cathédrale, soit dans une paroisse, avec intensité. Les fidèles ne peuvent plus se rendre à la messe, mais peut-être que jamais ils n'auront été aussi nombreux à la suivre en direct !
Que nos prières s'unissent pour les malades et ceux qui les soignent. Que nos prères s'unissent pour ceux qui ne peuvent pas rester confinés à leur domicile parce qu'ils travaillent en dehors de chez eux. Que nos prières s'unissent pour que la pandémie cesse vite.
Très belle Semaine Sainte à vous et très belle fête de Pâques !
PL
Jésus est acclamé comme un roi à Jérusalem. Un prélude joyeux et glorieux aux douloureuses humiliations qu'il connaîtra. Qui dirait que quelques jours après on le crucifierait ?
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (bénédiction des rameaux)
Lorsqu’ils approchent de Jérusalem, vers Bethphagé et Béthanie, près du mont des Oliviers, Jésus envoie deux de ses disciples et leur dit : « Allez au village qui est en face de vous. Dès que vous y entrerez, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le.
Si l’on vous dit : « Que faites-vous là ? », répondez : « Le Seigneur en a besoin, mais il vous le renverra aussitôt. »
Ils partirent, trouvèrent un petit âne attaché près d’une porte, dehors, dans la rue, et ils le détachèrent.
Des gens qui se trouvaient là leur demandaient : « Qu’avez-vous à détacher cet ânon ? » Ils répondirent ce que Jésus leur avait dit, et on les laissa faire.
Ils amenèrent le petit âne à Jésus, le couvrirent de leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus.
Alors, beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, d’autres, des feuillages coupés dans les champs.
Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Hosanna au plus haut des cieux ! »