Points de vue, valeurs des temps

Le point de vue

Quand on demande quel est le point de vue du narrateur, il ne s'agit pas de donner l'avis du narrateur sur telle ou telle qestion. Déterminer le point de vue dans le récit, c'est chercher qui voit ce qui est raconté. On peut distinguer trois formes de point de vue :

Point de vue omniscient

Le narrateur omniscient sait tout des personnages et peut voir tous leurs faits et gestes. Il connaît leur passé, leur futur, leurs sentiments, leurs émotions, leurs envies, etc... Ce point de vue renvoie à un narrateur absent impliqué. Il est spectateur de toutes les scènes et des personnages. (On dit que c'est le point de vue de Dieu.)

EXEMPLE : « En  secouant la tête, elle caressa le visage défait de Dolfi. Le  garçon leva les yeux, reconnaissant, il essaya de sourire, et une sorte de  lumière  éclaira un bref instant son  visage pâle. Il y avait toujours l’amère solitude d’une créature fragile,  innocente, humiliée, sans défense ; le désir désespéré d’un peu de  consolation ; un sentiment pur, douloureux et très beau qu’il était  impossible de définir. Pendant un instant – et ce fut la dernière fois – il fut  un petit garçon doux, tendre et malheureux, qui ne comprenait pas et demandait  au monde environnant un peu de bonté. »

« Pauvre  petit garçon » Dino  BUZZATI, Le K, 1966

Le  narrateur connaît les sentiments et les pensées de Dolfi mais nous donne aussi des  informations sur son comportement à l’avenir. Après cet instant Dolfi ne sera  plus un petit garçon doux. Le narrateur nous révèle en même temps quelque chose que Dolfi ignore lui-même.

 

Point de vue interne

L'action est vue par un personnage. Même si le récit est à la troisième personne, la scène est perçue par celui-ci. Le narrateur limite les informations à ce que ce personnage comprend et connaît. Le personnage exprime ses sentiments, ses réflexions, en passant par le discours indirect libre. Le point de vue interne peut aussi être écrit à la première personne.

EXEMPLE : « J’ai  réussi, non sans mal, à devenir « l’ami de la famille ». Irène  m’invita à prendre le thé un dimanche et me présenta le fameux Georges.  Un des  plus mauvais après-midi de mon existence. Jamais je n’ai eu autant l’impression de ne pas exister. Dès cette visite, j’ai compris qu’un tel amour ne pouvait  laisser de place pour aucun autre et que, de Georges et de moi, l’un était de trop. Il aurait été beau encore ! Mais il était laid – une espèce  d’avorton à moitié chauve – et son caractère semblait aussi malgracieux que son  apparence. Tel était celui qui empêchait Irène de rechercher un homme capable  de lui apporter un amour sérieux. Un homme qui, lui au moins, l’épouserait.                

Moi. » « Iceberg » Fred  KAZZAK, Qui a peur d’Ed Garpo? Série  noire n°2241, Champs-Élysées, 1995.

Pour tromper  le lecteur sur l’identité réelle de Georges, le narrateur rapporte le point de vue de « l’ami de la  famille » donc on ne se préoccupe pas de l’opinion de Georges ni d’Irène.  On vit les scènes à travers ce seul personnage qui avance ses arguments, ses critiques afin d’influencer notre compréhension du texte. Il n’y a aucune  information objective sur Georges et Irène.

 

Point de vue externe

Le narrateur externe n’est pas un personnage de l'histoire, il ne connait pas les pensées des personnages, ne donne pas son avis (sauf exception). Il raconte uniquement l'histoire (à la première personne). Ce point de vue renvoie à un narrateur neutre, ce qui permet donc de raconter avec une certaine objectivité.

EXEMPLE : « L’homme eut un sourire cauteleux qui découvrit ses longues dents jaunes, fouilla dans sa musette et, prenant une grande boîte en fer blanc, la rapprocha de sa  figure. « Poison », chuchota-t-il, guignant par-dessus la boîte. Il prononçait « Pouézon » au lieu de poison, et chargeait le mot de douceur et de  mystère.  « Pouézon mortel, voilà c’que c’est. » Tout en  parlant, il soupesait la boîte. « Y a de quoi tuer un million de gens là-d’dans ». »

« Le chien de Claude » ROALD  DAHL, Bizarre ! Bizarre !

Dans cette scène, on ne connaît ni les pensées ni les sentiments de l’homme. Le narrateur ne nous décrit que son apparence physique et son comportement  extérieur, il ne nous permet pas d’en savoir plus sur ce personnage.

 

Les valeurs des temps du récit

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